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Dougga

Le lieu est exceptionnel à plus d’un titre : géographique, historique, archéologique… Il se mérite, puisque, situé à 110 km au Nord-Ouest de Tunis, on y accède par une route longue et escarpée, mais la récompense est immense. Il n’est pas nécessaire d’être passionné de ruines antiques pour succomber à la magie évocatrice de Dougga. C’est bel et bien une ville, avec ses quartiers, ses endroits phare et ses souvenirs immortels qui s’offre à vous.

Un site stratégique

S’il a été choisi et a si bien résisté au temps et aux conquêtes, c’est que le site de Dougga bénéficie d’un emplacement idéal. Sur un plateau dominant une plaine et adossé à la montagne, son nom vient du latin « Thugga », lui-même issu du berbère « Tukka », signifiant « roc à pic ».

Les traces d’une présence humaine et d’une réelle élaboration urbaine y sont attestées depuis le VIe siècle Av-JC. Elles se manifestent par des nécropoles et villas, dont les vestiges sont épars et peu visibles. Enclave numide y compris après la destruction de Carthage, la province ne devint romaine qu’en 46 et la cohabitation des citoyens locaux et des conquérants, avec leur organisation politique et sociale propre, constitue une des caractéristiques historiques du site.

Pénalisé par la difficulté d’accès et son éloignement des pôles touristiques, Dougga est souvent méconnu des touristes. Pourtant, les projets de mise en valeur du patrimoine tunisien devraient vite l’inclure comme attrait majeur d’un tourisme culturel curieux et exigeant.


L’influence romaine

L’UNESCO, qui a inscrit Dougga à son patrimoine en 1997, y a vu la ville romaine la mieux conservée d’Afrique du Nord. L’exceptionnel état de conservation des monuments évoque tous les aspects politiques, militaires, religieux et sociaux de la vie de l’empire. Les arcs célèbrent la gloire des chefs, comme Septime Sévère et Sévère Alexandre. De nombreux temples sont dédiés aux plus grandes divinités romaines, répartis sur le site et dans un état de conservation plus ou moins spectaculaire. Jupiter, Saturne, Minerve, Junon, Pluton et Mercure y ont leur lieu de dévotion.

Les villas et stèles funéraires attestent d’une population importante. Les plus belles et fameuses mosaïques qui y furent découvertes, dont celle d’Ulysse et les sirènes, s’admirent désormais au Musée du Bardo à Tunis.

Les espaces de détente y sont aussi présents : marché entouré de boutiques, thermes aux systèmes d’alimentation et de chauffage sophistiqués, théâtre, cadre idéal des représentations du festival local, et même latrines publiques dont l’organisation conviviale étonne toujours…

Un paradis pour archéologues

Plusieurs récits de voyageurs, les plus anciens remontant au XVIIe siècle, décrivent le lieu, où plusieurs monuments antiques étaient visibles. Dougga a connu plusieurs vagues de fouilles, plus ou moins importantes et fructueuses. Le protectorat français sur la Tunisie, en 1881, leur a donné une certaine impulsion et c’est le Dr Louis Carton, qui, en 1893, permit de dévoiler une grande partie des vestiges enfouis.

En 1960, le déplacement du village implanté sur le site a donné un coup d’accélérateur aux fouilles, poursuivies ou interrompues au fil des programmes et des budgets.

Il est émouvant de parcourir le site en sachant que ses 70 hectares recèlent encore des merveilles qu’il reste à mettre au jour. A la fois imposant et sauvage, la nature y conserve ses droits, ce qui en fait un lieu de visite unique aussi important que Carthage.